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Austin McAdams
Jeu 23 Avr - 1:28
AND BREATH ME | Gabtin - CH 2
Notting Hill, club secret réservé aux joueurs de poker les plus talentueux du Royaume. Un détail qu’Austin avait préféré ignorer lorsqu’il échangea avec Gabriel, plus tôt dans la semaine. Ce dernier semblait étrange, comme s’il évitait de lui parler trop longtemps. Comme si quelque chose clochait. Il était arrivé à l’heure, la tenue respectant le dress code. Les tables étaient prêtes, mais ce club de « gentlemen » d’un genre particulier, servait toujours un verre de whisky ici, un vin par là…Une mise en scène nécessaire pour détendre les joueurs et les mettre en contact avant même le début de la partie. Austin ne jouait pas à la même table de Gabriel, et il n’avait pu s’empêcher de jeter des coups d’œil chaque minute vers celle où se trouvait le musicien. Comme pour s’assurer que tout allait pour lui, qu’il tenait la partie, qu’il n’était pas déstabilisé, qu’il ne perdait pas. C’est qu’il tenait tellement à ce qu’il réussisse, ce soir. Ou tout du moins, à ce qu’il apprécie cette première expérience avec de véritables pro du jeu. Car un détail non négligeable est à prendre en considération. Austin avait programmé l’entrée de Gabriel dans l’une des meilleures tables de joueurs de Poker de tout le pays. Gabriel, était en ce moment, entouré des meilleurs joueurs du pays, et il rivalisait avec eux. A un moment donné, il avait dû quitter du regard la table voisine, et se focaliser sur la sienne. Ici, la partie pouvait durer des heures, ce jeu était fascinant, on devait réfléchir, jauger, bluffer, savoir quand s’arrêter. Et Austin ne s’arrêtait pas, Austin les écrasait tous. Au point ou la partie fut finie bien avant la table voisine. Les règles étant claires, pas de contact avec ceux qui continuaient à jouer. Oh, et autre détail -ça en fait beaucoup- on ne joue pas pour l’argent ici, on jeu par amour, par passion du Poker.
Austin avait dû quitter la demeure pour l’extérieur, attendant Gabriel à quelques pas de l’entrée. Il pleuvait. De fines gouttelettes tombaient du ciel, humidifiant chaque trottoir ou toiture. Londres était mouillée, souillée de ces larmes provenant du ciel. Et face à ce phénomène commun, la ville revêtait un manteau sombre et morne, se rassurant avec les lumières crues de lampadaires et des quelques phares éclairant leurs chemins, mais jamais l'entièreté de la capitale anglaise. De ce fait, Londres semblait bien triste, attendant l'heure où l'aube se montrerait, offrant le soleil au monde. Tout donnait l'impression de se perdre, et de se faire emporter par les flots. Bien que l'averse fut légère, elle glaçait chaque parcelle, vivante ou non. Tout voulait accélérer, pour fuir cette bruine, pour qu'elle parte plus vite. Et qu'elle quitte les souvenirs de tous. Cependant, une grande partie de habitants, resteraient aveugles d'une rencontre. Pas grandiose, certes. Mais une rencontre restait une rencontre. Qu'importait son degré d'importance.
Il pleuvait. Et Austin soupira, les cheveux imbibés de cette douche nocturne. La fatigue commençait à griffer ses muscles. L'humidité, les flaques, les nuages sombres... ils donnaient une ambiance particulière au béton et aux briques. Ce temps, n'était autre qu'une chute d'eau. Purificatrice. Salvatrice. C'était un compagnon d'armes de la peine d’Austin. Il aimait la pluie, autant que le soleil. Elle était douce, froide, fouettant le visage des passants, et noyant un peu plus l'asphalte. Elle devenait glissante et anguleuse aux endroits où elle devait l'être. Camouflage de la cité. Complice du souhait d’Austin de l’instant. Que Gabriel gagne, qu’il eu raison de croire en lui, qu’il eut raison de lui avoir caché le véritable niveau des joueurs. Le souhait Austin est que Gabriel cesse son comportement étrange, et qu’il revienne, parce qu’il est le seul à le comprendre. Parce qu’il avait besoin de lui. Parce qu’il croyait en lui. Alors qu’importe la pluie, il l’attendait…
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Gabriel Weaver
Dim 26 Avr - 16:05
Quelques troubles ; ses sentiments pour plusieurs raisons le laissent pensif. Il a toujours eu peine à s'attacher, il a fait beaucoup de progrès, mais il n’y comprend rien. Il se sent plus ouvert sur le monde grâce aux personnalités diverses qu’il fréquente et apprécie, même si parfois celles-ci lui paraissent contraires. Mais ces derniers temps, Gabriel s’y perd, il ne se retrouve plus. Il a l’impression de se situer en plein milieu d'une partie de jeu de cartes, où il n’est qu'un pion parmi plusieurs millions. Il sait ce qu’il veut mais il le refuse totalement en même temps. Un jeu de cartes, comme celui qu’il avait passé la semaine à jouer, seul, avec un logiciel sur ordinateur, sur le mode difficulté maximum. Gabriel avait évité Austin depuis maintenant plusieurs jours, hormis les textos, aucun contact direct n’avait eu lieu. Il avait tout refusé, se trouvant des excuses plus ou moins plausibles. Mais il savait au fond, qu’Austin n'était pas dupe, et qu’il allait finir par comprendre que Gabriel l’évite. C’est également seul qu’il débarqua dans cette demeure inconnue, peuplé de gens inconnus. La seule lumière était Austin qui le présentait brièvement ici et là. Gabriel avait compris que contrairement à ce qui était convenu, il ne s’agissait pas d’amateurs, mais ces joueurs avaient tout l’air de pro. Ce qui le rendait anxieux, essayant de ne pas faire de scène en accusant Austin de l’avoir dupé. Il s’était rabattu sur un verre de whiskey afin de se redonner courage et d’affronter ces gentlemen qui allaient certainement le bouffer en un tour.
Gabriel devait à tout prix se ressaisir à présent que la partie pouvait commencer. Il tentait du mieux qu’il pouvait de faire abstraction de tous les éléments qu’Austin avait omis de lui dire, afin de se concentrer sur le jeu. Et ça, Gabriel savait le faire. Merci à l’armée de lui avoir inculqué certains mécanismes, à coté des troubles vivant toujours à l’intérieur de son âme. Lorsqu’on se lance dans quelque chose qui nous passionne, le temps n’a plus vraiment d’importance, son écoulement est aussitôt oublié. Il ne s’était même pas rendu compte du fait que l’autre table avait clos la partie. Seule celle qu’il jouait comptait. Les tours s’enchainaient, et Gabriel semblait braver tous les stratagèmes de ses adversaires. Il ne savait plus, s’il était bon joueur, ou s’il avait seulement la chance du débutant de son côté. Lorsque la partie toucha à sa fin, la réalisation tomba, évidente et indiscutable. Il se sentait hors du temps, ce qu’il ressentait à ce moment est hors de portée de la mémoire. C'est comme découvrir une nouvelle terre, un nouveau monde. Et voyez-vous là dans cette découverte, l'esprit se déleste de l'attachement au temps, le sortilège du temps n'est plus. Alors l'esprit est totalement transformé, totalement autre, ce n'est plus le même esprit. Celui-ci a goûté une source vive, toute sa soif est étanchée à jamais. Au cas ou vous ne l’aurez pas compris, Gabriel vient de gagner sa première partie, à une table composée de joueurs bien plus expérimentés que lui.
Il quitta la demeure en étant assez fébrile, et avec cette envie folle d’aller crier aux cieux, à quel point il détestait Austin McAdams pour lui avoir jeté ce sortilège, pour lui avoir joué ce tour. Pour lui avoir fait connaitre cette satisfaction inouïe de se savoir gagnant ! A l’extérieur, les gouttelettes d’eau de cette pluie nocturne lui fouettèrent pour le laisser réaliser que c’était bien réel. Son regard tomba sur une silhouette debout à quelques mètres de l’entrée. « Austin ? » Demandait-il tout en se rapprochant. Son sourire béat laissant place à une expression plus sérieuse, presque remontée. « Tu m’avais dit et assuré que c’était une table d’amateurs ! » Arrivé à sa hauteur, il poursuivit. « Tu m’as carrément jeté dans la gueule du loup sans même me prévenir, t’es cinglé ou quoi ?! » Hochant de la tête tout en tentant de calmer ses nerfs, Gabriel fixa Austin du regard en lâchant. « Si je n’avais pas gagné, je t’aurais fait payer ça au prix cher, mec…Ouais, t’as bien entendu, j’ai gagné putain ! » S’exclamait-il dans un éclat de rire incontrôlable. Cette pluie donnait une dimension encore plus surréaliste à toute cette situation. « T’aurais vu leurs têtes, aucun de nous n’y croyait à ce résultat » Dans son exaltation et fièvre de l’instant, ses mains agrippèrent la veste d’Austin pour réaliser que celle-ci était totalement trempée. Il l’avait attendu depuis tout à l’heure ? Là, en pleine pluie ? « Merde ! T’es complètement trempé ! » Il ôta ses mains de sa veste, ayant oublié un instant que l’averse n’a jamais cessé de tomber sur eux. Sa main alla de nouveau au contact d’Austin en se posant sur son épaule, et le tirant un peu afin d’entamer un mouvement et se presser un peu. « Allez viens, on bouge ! Je te préviens que j’ai la dalle, alors j’espère pour toi qu’il y a de quoi bouffer et boire dans ton quartier de bobo chic »
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Austin McAdams
Mar 28 Avr - 17:42
Il pleuvait. Austin portait une veste plutôt légère, et couvrait sa gorge d’une grosse écharpe. Emballé dans ces vêtements, la froideur n'était qu'un détail, et l'eau dégoulinant sur son visage avait l'allure d'une douche rafraichissante. Là-haut, dans l'atmosphère, il n'y avait que des cumulus, frappant le sol de leurs ombres. Sur terre, entre le vent léger et le silence des rues, se baladait quelques rares voitures à cette heure déjà avancée. Mouillé, fatigué, mais présent. Son prénom venait de retentir, et Austin tourna la tête instantanément. Gabriel venait vers lui, et l’éclairage artificiel de la rue lui disait qu’il n’était pas bien content. Gabriel lui criait dessus, et Austin s’attendait un peu à cette réaction étant donné tous les détails qu’il avait ignoré de partager avec le jeune homme au sujet de la partie du soir. Il voulut dire quelque chose. Il aurait dû. Le faire. Prononcer quelques mots. Pour rire, rassurer le musicien, même s’il n'en aurait eu que faire. Cependant, quelque chose d'étrange se produisit. Rien ne vint. Au contraire. L'esprit d’Austin se vida. De ce qu'il aurait dû dire, de ce qu'il aurait dû ressentir. Une impression étrange s'immisça dans son esprit. Lorsque Gabriel lui répéta pour la seconde fois qu’il avait gagné, il fut envahi d’un sentiment, de cette étrangéité. « T’as…gagné ?! Oh putain ! ». Entre un soupir de soulagement et un sourire, entre une moue fière mais charmée et il ne pouvait cacher sa joie. Il le prit furtivement dans ses bras, déclarant sur un rire complice. « Je le savais, je savais que t’allais le faire ! » Non, Austin n’en savait rien. Il y croyait seulement. Et il avait bien fait d’y croire jusqu’au bout
Un léger instant de flottement eut lieu lorsque son vis-à-vis réalisa dans quel état se trouvait Austin. Se laissant entrainer et entamant la marche, son cerveau se mis tout de suite à chercher ou boire et manger en même temps, avec une ambiance pas trop bruyante, à cette heure-ci. « T’as un problème avec les bobo chics ? » Austin lui-même habitant Notting Hill. « T’es plein de surprises, Gabriel Weaver ! » Ajoutait-il comme commentaire, réalisant désormais pleinement l’exploit réalisé par le jeune homme. Avec cette pluie, il ne réfléchit pas longtemps et entraine Gabriel à ce qui se trouvait à proximité d’eux. The Fish House of Notting Hill, un restaurant sans prétention dont la spécialité était le Fish&Chips, et on y servait pas mal de boissons, mais surtout de la bonne bière. Et le plus important, c’était encore ouvert ! Austin avait bien entendu songé à rallonger le trajet, aller chez lui et commander tout ce qu’ils auraient voulu. Mais la distance prise par Gabriel ces derniers temps l’en dissuada. Ils étaient les seuls à l’intérieur, et ils sembleraient même qu’ils allaient être les derniers clients avant la fermeture. Le sourire d’Austin n’avait pas quitté son visage, pas une seule seconde. La victoire de Gabriel, ce soir, n’était pas qu’une victoire, c’était bien au-delà de cela. Cette osmose qui existe entre eux du fait des choses qu’ils partageaient tous les deux depuis quelques temps déjà, n’a fait que grandir. Sans prendre le temps de regarder le menu, il commanda pour lui et laissa le temps à Gabriel d’en faire de même. Le temps de sortir son téléphone de sa poche, voulant montrer quelque chose au musicien.
« Tu te souviens que tu m’avais demandé pourquoi est-ce que je ne participerais pas à l’un de ces tournois ? » Il glissa son téléphone sous le regard de Gabriel, afin qu’il puisse y lire la confirmation qu’avait reçu Austin il y a quelques jours. « Je vais participer au Triton Poker ! » Le sixième plus grand tournoi de Poker au monde. Le plus prestigieux, en termes de prix gagnant. Son regard ne quittant pas Gabriel, attendant de voir sa réaction, lui qui était si excité à s’être lancé dans ce genre d’aventures ! Il n’aurait jamais pu y songer sans lui, his partner in crime. Leurs bières bien fraiches venant de leur être servies. Austin prit sa bouteille en mains et la leva en direction de Gabriel, pour trinquer. « A ta première victoire, Gab ! La première d’une longue série, j’en suis certain ! » S’exclamait-il.
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Ven 1 Mai - 2:11
Gabriel était aux anges en cette nuit ! Jamais il ne se serait pensé capable de jouer avec des pro d’un tel calibre. Alors, gagner ? Cela ne lui a jamais traversé l’esprit. Il ne sait pas ce qui avait poussé Austin a parié ainsi sur lui et sa réussite, mais il se plaisait intérieurement à croire, qu’il croyait en lui et en son talent. Le poker est encore un élément nouveau dans sa vie. Il sait que ce n’est pas le cas pour Austin. Beaucoup peuvent penser que Gabriel faisait abstraction du fait que son ami a connu l’addiction à ce jeu et qu’il lui en avait fallu du temps pour s’en sortir. C’est faux, il pensait souvent à ce fait. Seulement, savoir qu’il ne jouait pas autant, et que parfois comme ce soir, il n’était pas question d’argent, sont des facteurs qui le rassuraient. On peut y ajouter le fait que dans son envie de se sentir le plus proche possible de lui, son jugement pouvait être biaisé. Pour l’heure, il souriait, il riait aux réflexions d’Austin. Il vivant l’instant, sans se poser de questions. Avançant d’un pas pressé dans les rues des bobo chics, Austin l’entraina dans un petit restaurant, miraculeusement ouvert à cette heure. Ils y entrèrent sans perdre de temps. « De la bière et du Fish&Chips ! Y’a pas à dire, tu sais y faire pour un premier rencard » Déclara-t-il avec humour. Gabriel laissa sa veste mouillée à l’entrée, et suivit Austin jusqu’à une table tranquille au fond. Enfin, ils étaient les seuls clients, donc de la tranquillité, ils en avaient. Il se doutait qu’il reste beaucoup de choix à cette heure, il finit donc par prendre le basique.
Son attentions e reportera sur Austin. « Oui, je m’en souviens » répondit-il aussitôt à sa question. Son regard fut capturé par l’écran du téléphone d’Austin, il le prit en mains et ce qu’il découvrit le laissa quelque peu bouche-bée le temps de quelques secondes. « Wow ! » Son expression surprise laissa place à un sourire grand comme le monde. « Je n’arrive pas à croire que tu te sois inscrit ! J’ai presque aussi hâte que toi ! » Il avait également hâte de confirmer qu’il avait eu raison, et qu’Austin n’est pas un addict, seulement un joueur passionné. Il avait hâte de le voir se mesurer à des joueurs de son niveau. Il avait hâte de le voir gagner ! Il leva sa bière et trinqua avec Austin, en ajoutant sa petite touche. « A nous, les nouveaux As du poker ! » Prenant une gorgée de sa bière, et dans l’attente de leurs poissons, Gabriel s’engageait à demander plus de détails sur le tournoi, cherchant à savoir comment Austin s’y préparait. Plus il lui parlait, plus Gabriel se sentait un peu misérable, épris d’un homme qu’il ne pouvait atteindre. Totalement embrumé par la beauté qui lui faisait face à ce moment même. Retour vers sa triste réalité, cela s’impose comme à chaque fois. Bien souvent, il se demande si c’est un crime …Un crime de vouloir être ce qu’on est, qui on est vraiment. Si c’est un crime d’avoir des sentiments pour une personne. Il voudrait tant en finir, dire ce qui doit être dit, faire ce qui doit être fait, mais voici une liberté d’expression qu’il ne pouvait se permettre. C’est même pire de se la permettre près du seul homme auprès duquel il ne pouvait effectuer de faux pas, au risque de le perdre pour de bon.
Lorsque leurs poissons arrivèrent, Gabriel ressentit un malaise, le même qu’il avait ressenti la dernière fois qu’il passa trop de temps avec Austin. Ce dernier était d’ailleurs en train de lui parler, mais Gabriel ne l’écoutait pas vraiment. A la place, il déclara assez confusément. « J’aimerais te poser une question » Lui qui avait si faim, avait à peine touché à son poisson pour le moment. Un peu fébrile, et le regard fuyant, il posa sa question. « Regrettes-tu le temps qu’on a passé ensemble ? » Son regard se releva pour rencontrer le bleu d’Austin, avant de n’ajouter pour plus de précision. « Je parle, de l’époque ou… » inutile d’ajouter la moindre chose, il n’y avait eu qu’une seule époque entre eux, avant celle-ci.
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Austin McAdams
Sam 2 Mai - 15:49
« Je saurais qui blâmer si ma réputation en prend un coup » Répondit-il sur un mince sourire face à la réflexion de Gabriel sur le choix du restaurant. Austin aurait réellement voulu fêter la première victoire de Gabriel, dans un superbe bar ou en l’invitant à un diner dans un restaurant étoilé. Il était bien trop tard pour espère trouver ça, et ils ne se trouvaient dans le bon quartier pour s’installer à l’intérieur d’un bar avec l’ambiance adéquate. Quoi qu’il en soit, aucun d’eux ne se plaignait vraiment de ce choix. Toujours avec ce sourire dessiné sur ses lèvres, Austin se sentait tellement bien, tellement en accord avec lui-même. Gabriel a été d’un soutien exceptionnel ces derniers temps. Il est indéniable qu’il existait une connexion particulière entre eux. Et ça n’avait pas de rapport uniquement avec le poker ou encore le fait que Gabriel ne le jugeait ni sur ça, ni sur autre chose. C’était plus profond que cela. « Avec un peu de chance, je t’inviterai à m’accompagner » La chance n’avait strictement rien à avoir là-dedans. Il le voulait auprès de lui lorsque le tournoi commencera, à chaque tout, il voulait la présence de Gabriel à ses côtés, il en avait même besoin. Et c’était sa façon à lui de le lui dire, sans faire usage des grands mots, et toujours gardant ce ton un peu taquin, un peu plaisantin qu’on garde entre amis.
Entre deux bouchées de poissons, Austin lui expliquait ensuite comment se déroulera ce tournoi, chaque étape, les règles, l’argent à mettre en jeu. On pouvait voir dans sa façon de parler, la passion qu’avait Austin pour le poker. Tellement impliqué dans ses explications, il ne s’était pas encore rendu compte du fait que Gabriel, avait si peu touché à son poisson jusqu’ici. Il n’avait pas encore réalisé qu’il l’avait perdu quelque part dans le fil de ses commentaires. Jusqu’à ce que le musicien le surprenne. Austin s’arrêta net dans son monologue, clignant des yeux avant de ne dire sur une voix intriguée. « Je t’écoute » Il sentait que la question, n’allait pas avoir de lien avec le sujet initial. Le regard de Gabriel est l’un des plus expressifs qu’il a eu à rencontrer dans son existence. Et ce dernier présageait une question, plutôt sensible. Lorsqu’elle tomba, la question déstabilisa Austin, qui lançait un regard interrogateur à l’égard de Gabriel. Il n’y a qu’une seule époque qui pouvait être sources de troubles. Celle de leur adolescence. A dix sept ans, Austin avait connu une exception dans sa vie. Celle-ci portait le nom de Gabriel Weaver. Il était, à cette époque, tellement attiré par ce garçon de quinze ans, ce jeune pianiste différent et tellement intriguant. À ce moment-là, il se demandait pourquoi Gabriel posait cette question. Pourquoi le renvoyer vers ce souvenir. Pourquoi évoquer cela, maintenant ? Ce n'était pas une vision particulièrement pessimiste de la situation, juste terriblement réaliste. Si ces dernières années avaient bien appris à Austin quelque chose sur sa propre personne, c'était bien qu'il était capable d'une très grande retenue quand elle était nécessaire mais aussi qu'une fois qu'il s'était abandonné à ses envies, il était capable des plus grands excès -et donc de la pire des imprudences. Il était un être terriblement vulnérable devant la tentation de certains souvenirs marquants.
« A cette époque, je voulais comprendre et vivre ce que je ressentais… » Commençait-il à dire après quelques secondes silencieuses. « A ce concours, je…je ne sais pas comment ni pourquoi, mais je ne voyais que toi et… » Il avait du mal à ordonner ses pensées, à dire, sans trop pousser, sans trop avouer. « T’étais tellement différent, on avait tous joué un morceau classique, et toi… » Un sourire se dessina sur ses lèvres à l’évocation de ce fait. « Tu as joué nothing else matters de Metallica, sur ce piano ! » Et il était beau, tellement qu’Austin avait totalement succombé à Gabriel. Cet amour de jeunesse fait partie de lui, c’est une vérité. Il ne peut pas l’effacer, il ne veut pas l’effacer. « Non, je ne regrette pas ce qui s’est passé entre nous. On était jeunes et c’est arrivé. Ça fait partie de mon vécu » Cela devrait répondre à la question de Gabriel. Seulement, cette question provoqua de drôles de sensations chez Austin. Il n'était pas non plus inconscient et toute cette situation soulevait tellement de contradictions en lui que cela en devenait presque douloureux. « Est-ce pour cette raison que tu m’as évité ces derniers jours, à cause de notre passé ? » Son bleu profond allant à la rencontre de celui bien plus clair de Gabriel.
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Gabriel Weaver
Mar 5 Mai - 18:59
C’était mal, il le sait. Un mal pour lui, en premier lieu. Chaque parole d’Austin avait un impact considérable, même la plus innocente des invitations. À chaque fois que Gabriel pose le regard sur lui, il lui semble alors possible de se laisser aller, de se laisser découvrir, de se laisser happer un peu plus à chaque moment partagé. Il joue à l’ami fidèle, qui ne peut pas se permettre de décevoir et qui répond présent. Il se demandait bien souvent si se questionner sur la réciprocité d’un sentiment, méritait autant de calcul et plus que tout, autant de peur. Il a terriblement peur à présent, se savoir seul avec Austin en dehors du monde de la musique et du poker l’angoisse hautement, il vit avec la crainte de commettre l’erreur, de tromper carrément son jeu d’apparence, une vie à deux. Trahir ses couleurs passions, ses désirs brulants. Gabriel, aussi confiant qu’il puisse être naturellement, il tremblait de peur en cet instant et ne s’estimait pas plus qualifiable qu’un moins que rien, il était tétanisé à l’idée d’avoir flanché, d’avoir ouvert une petite fenêtre vers le doute. Il se sentait démasqué même si la question était sortie de sa propre bouche sans calculs… Les paroles que lui adressait Austin sous cette interrogation n’arrangeaient rien à son état. Pour lui, c’était si simple. Ils ont eu un amour de jeunesse, une expérience adolescente. Un souvenir faisant partie de son vécu. Rien de plus, et rien de moins. Le fait qu’il ne regrettait pas ce qui s’était passé entre eux, était déjà une bonne chose. Il devrait peut-être se contenter de cela.
Il voulait y croire pourtant, parce qu’il se plaisait encore une fois à se dire que certains signes existaient bel et bien. Qu’il fallait saisir et profiter ces petites ouvertures si rares. Oser, parce qu’on ne vit qu’une fois, et parce qu’on connait rarement dans une vie une attirance aussi forte envers une autre personne. Et s’il n’osait rien, jamais il ne pourra savoir s’il avait tout faux, ou s’il avait tout vrai. Face à la question d’Austin, son appétit lui revint soudainement, son poisson était devenu un saint graal. Un léger sourire déchira ses lèvres. Il n’avait plus d’échappatoire, de pirouettes aériennes à effectuer. A peine avait-il poser ses yeux sur les siens, qu’il comprit qu’il était foutu. Doux prisonnier de prunelles qui l’incitaient, le noyaient, l’encourageaient au-delà des mots. « J’avais juste envie de savoir » Réponse qui n’allait pas vraiment dans le même sens que la question posait par Austin. A nouveau concentré sur son assiette, Gabriel songeait intérieurement que le comportement qu’il tenait n’allait rien arranger, et que son malaise était déjà un livre ouvert face à son vis-à-vis. Il avala sa nouvelle bouchée, avant de ne prendre un ton plus posé, plus sérieux, tout en hochant des épaules. « J’étais occupé ces derniers jours, rien à avoir avec notre passé ou la question posée. Désolé si je t’ai donné l’impression que je t’évitais ».
Et déjà, Gabriel était troublé, la respiration coupée par ce regard. Il ne voulait pas voir ça, tout ce qui transparaissait dans ces étoiles opalines qui le fixaient comme s’il allait disparaitre en un claquement de doigt. Une seconde, suffisante pour laisser entrevoir une lueur d'inquiétude et une détermination étrange, provoquant ce déchirement qu’il refusait de tout son être. Ce petit quelque chose qui vous susurre l'importance grandissante d'un être à vos côtés, son affection, son attention. Et cette chaîne qui vous lie à lui sans qu'il n'en ait conscience véritablement. Cette secousse si particulière au fond de son être, comme une évidente que l'on nie en fermant les yeux et en se bouchant les oreilles. « J’ai commencé d’ailleurs à travailler sur une compo, je te l’enverrai et tu me diras ce que t’en penses ! » Le problème avec Gabriel, c’est que même s’il mettait toute son énergie dans un mensonge. Son regard finit toujours par le trahir…
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Austin McAdams
Jeu 7 Mai - 19:55
Le passé nous apprend des choses, sur nous-mêmes, sur ce qu’on peut tolérer, sur ce qu’on aime, sur ce qui peut nous faire mal, sur ce qui ne rend serein. Le passé est important pour Austin. Et s’il fait partie intégrante de lui et de son vécu. Il est moins certain qu’il écoute toujours les leçons tirées de ce passé. Le poker l’avait rendu misérable, et avait bien failli lui coûter son boulot, sa réputation, son nom, son empire, et son couple avec Nancy à l’époque. Et aujourd’hui, comme si ce jeu d’argent ne lui avait jamais rien pris. Il y rejoue à nouveau, avec une passion inégale. Lorsqu’il disait à Gabriel qu’il ne regrettait pas leur histoire d’adolescents, que cela faisait partie de qui il est. Il n’y avait pas de questions à se poser. Pas d’ambiguïté. A ce moment de sa vie, Austin avait de l’attirance pour Gabriel, il désirait le connaitre, et il le désirait sous bien d’autres formes. Depuis Gabriel, il en avait connu des conquêtes, toutes féminines. S’en est suivi des années auprès de Nancy. Et pour ainsi dire, depuis son divorce, Austin vit le désert total sur ce point. A-t-il songé, à une éventuelle attirance pour Gabriel, aujourd’hui ? En effet, ils se sont tellement rapprochés, Gabriel a pris tant d’importance dans sa vie. Et il s’interdisait de penser à lui sous cet angle. Il désirait sa présence bien souvent. La tentation, il l’avait ressentie une ou deux fois, préférant se l’expliquer par le fait qu’il se sente bien seul. Et oui, Gabriel incarnait cette tentation à la perfection. Ses prunelles si claires, si fragiles, l'invitaient à succomber à ses plus profonds désirs inavoués.
Pendant tant d'années, il avait oublié de penser à lui-même, pensant qu’il connaissait déjà tout de sa personne, s’investissant ici et là, vivant dans le confort de la stabilité... Jusqu’à ce qu’il se rende compte qu’il n’a fait que prendre sur lui depuis trop longtemps, jusqu’à craquer dans les bras de Gabriel. Il ne voulait plus survivre dans ce monde qui parfois lui semblait toujours étranger. Il désirait vivre. Malgré la difficulté et tous les obstacles qui se dressaient sur le chemin. Alors se laisser tenter par l'inconnu, poser un pied sur ce nouveau champ de bataille miné, sentir le danger omniprésent, oppressant, et pourtant avoir la possibilité de s'y soustraire l'espace d'un court instant, juste le temps d'un regard échangé... « Tu sais, quand tu étais venu dans mon bureau y'a des années maintenant, pour tes essais avec les Black Stones…Je t’avais tout de suite reconnu... » Il ne réagit pas à sa déclaration sur sa composition. Il ne lui faisait pas non plus remarquer qu’il oubliait de mâcher certaines de ses bouchées. Le malaise, venait de s’installer, il plane sur eux depuis déjà des semaines. Et si Austin n’y avait pas réagi, c’est parce qu’il avait peur de faire surgie des choses, qu’il ne serait pas prêt à assumer. « Ton regard, je l’ai tout de suite reconnu. Ces yeux, si expressifs, incapables de mentir » Facile de déduire là ou il voulait en venir. Gabriel ment, en cet instant
« Qu’est ce que tu ne me dis pas, Gabriel ? » Tu peux tout me dire, semblait exprimer son regard.C'était une question terriblement dangereuse. Mais aussi délicieusement tentante. C'était se plonger dans une fausse impression d’inconnu, avancer dans une subtile obscurité tout en sachant que le gouffre n'était guère loin. C'était flirter "inutilement" avec le danger, se mettre consciemment dans une position défavorable. Se rendre vulnérable. En face de quelqu'un qui le connaissait si bien. C'était se baser sur des regards échangés, des gestes retenus, des attitudes ambiguës, et y accorder d'une manière bien peu objective beaucoup trop de crédit. Et pourtant, depuis des mois, jamais il ne s'était senti aussi vivant qu'en sa compagnie.
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Gabriel Weaver
Dim 10 Mai - 3:10
Il avait si peur des conséquences, peur de ce qu’il pourrait faire lui-même. Il luttait constamment contre, plus il luttait, plus elle se faisait grande, sa peur. Plus sa résistance est intense et ainsi certaines de ses activités névrotiques sont mises en branle. La peur l’a toujours habité, depuis son temps en Afghanistan, Gabriel la ressent si intensément à chaque fois que ses émotions sont trop lourdes, trop problématiques. Difficiles à maitriser. Quand elle est là, la peur, l'esprit - ou le « moi » - dit : «il ne faut pas qu'il y ait de peur », et le voilà toujours dans la dualité. Il y a un « moi » qui est autre chose que la peur, qui s'en évade, qui y résiste, qui cultive son énergie, dévide des théories ; et puis il y a le « non moi » ! Le « non moi » c'est la peur ; et le « moi » est maintenu séparé d'elle. Il y a donc un conflit immédiat entre la peur et le « moi » qui cherche à s'en rendre maître. Un conflit qui se reflète souvent lorsqu’il s’adresse à Gabriel : peur, trouble, confusion, attirance, amitié, sentiments, attachement, désir…Tout ce flot de sensations le poussent à perdre confiance, à choisir la solution la plus simple, la plus sage même. Et celle-ci n'est autre que le fuite.
Les paroles d’Austin n’arrangeaient rien. Et à présent qu’il avait avalé son poisson tel un affamé, il n’avait plus de cible pour enfouir son regard, et occuper sa bouche. Oh, il restait quelques gouttes dans sa bouteille de bière, mais il se ravisa de se jeter à son goulot tant il était grillé, cette fois. « Tu le sais déjà. Tu le devines. » Finit-il par avouer à la suite de bien longues secondes de silence, ou son regard ne faisait rien d'autre que se perdre en des points et des choses hasardeuses de ce Fish&Chips. Désormais, son regard est ancré en celui d’Austin, et le visage qu'il lui présentait était grave, paumé et triste. Oui, toutes ses couleurs se révélaient en cet instant. « Comprends-tu ce que tu déclenches en moi, Austin? Es-tu à ce point aveugle, ou fais-tu semblant de ne rien voir car ce serait trop difficile d’y faire face ? » Il n'y avait plus de jeu. Plus à ce stade-là, et cette pensée lui tira un léger frisson de peur. Peur de son regard, peur d'un "je t'aime bien aussi" qu’il voudrait raturer, désespéré, peur de voir la même chose se refléter dans l'océan qui l'observait à la dérobée. Et encore plus, bien plus ... Gabriel finit par reculer sa chaise, une décision déjà prise se voyait dans son regard, ne cherchant visiblement pas de réponses à ses questions posées. Un instant, il hésita. Il fermait les yeux, un mince sourire sur le corps, sur l’esprit, sur le cœur. C’était un réflexe. Comme des milliers de mains qui s’accrochaient de-ci de-là de son corps, sur ses épaules, les manches de son blouson, le bas de son pantalon et ailleurs. Une force inéluctable qui parcourait son corps depuis si longtemps. Instinct de survie. « ça ne sert à rien d'en discuter. T'en à rien à foutre de moi, ce que je ressens...T'as pas besoin de ça ! » Marmonnait-il, tête baissée. Parce que c'est la vérité.
Gabriel finit par trancher, tout de même. En quittant sa chaise. Se sentant ridicule et petit. Pitoyable à espérer une chose, qui n’a pas de chance d’avoir lieu. « Merci pour cette soirée, Austin. Je vais rentrer, à présent » Et sa main glissa de la table, s’éloigna, et son regard s’ouvrit sur le sien. Ultime regard et un drôle de sourire avant de disparaître comme toujours, dans une obscurité rassurante. Ravi de constater que la pluie n’avait cessé, peut-être arrivera-t-elle à cacher sa détresse en ces lumières londoniennes nocturnes.
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Austin McAdams
Mar 12 Mai - 18:42
Il désirait juste savoir, approcher l'être qu'il était véritablement. À ses risques et périls. Il devait garder le contrôle, il le savait, comme un dernier rempart inébranlable qu'il érigeait pour se protéger. Cependant, la question de savoir, de trop fouiller, risquait de lui donner une réponse qui ne le rendra que davantage perdu. Au début, cela lui parut innocent, et il hocha simplement vaguement la tête à la question du brun. Pourquoi mentir à ce propos, alors que c'était l'évidence même ? Il se devait de garder de la crédibilité, pourquoi mentir alors qu’il l’avait ressenti ? Dangereusement. Au fond, il le savait. Mais il le repoussait. Sans doute qu’Austin avait espéré que la réponse de Gabriel serait différente. Qu’elle fasse taire tous ses soupçons et sa confusion quant à ce qu’il ressentait lui-même. Il constate que c’est un raté sur ce coup. Cette confession qu’il devinait douloureuse pour Gabriel, éveillait en lui un étrange sentiment de tendresse, ces murmures qui en révélaient un peu plus, juste assez et encore bien trop peu à son goût. « Je…je ne sais pas quoi dire… » Murmurait-il tout d’abord, en baissant le regard. Incapable d’affronter le sien. L’hésitation. La déchirure interne, mais toujours aussi douloureuse, à chaque fois qu’il se trouvait confronter à ce genre de situations, qui impliquaient Gabriel.
Ses mains se crispèrent légèrement sur la table. Il se sentit vaciller sous le poids de ces yeux qu’il avait trop longtemps fuis, tel le lâche qu’il était. Tendu, il paniquait lorsque Gabriel en ajouta une couche. « Non, ne dis pas ça, attend » Et comme ça faisait mal. La distance dans ses paroles, entre eux. Mais comment ignorer l’intensité silencieuse de ce qu’ils partageaient, la tension presque palpable qui régnait ? Impossible. C’était tout bonnement impossible. Surtout maintenant qu’Austin avait déjà un genou à terre. Pire encore. Comment rester indifférent, alors qu’il se sentit tellement blessé par ses propos ? « Attend ! » Une nouvelle fois. Mais Gabriel avait déjà quitté la table, et le restaurant. Gabriel n’était déjà plus là. Et Austin, incapable de bouger à cet instant, ne fit rien pour l’empêcher de s’envoler. Rien. Il ne fit rien, alors que tout ce dont il rêvait en cet instant, c’était partir le rattraper, le calmer, et au diable les principes ! Partir à la conquête de ces lèvres qu’il n’avait osé toucher, leur arracher des soupirs de plaisir, serrer cet être contre son cœur jusqu’à s’en briser les bras ? Retrouver la paix dans son étreinte, l’apaisement dans son toucher. Sentir cette peau hâlée s’embraser sous ses doigts, lui murmurer des promesses insensées, se laisser consumer par un désir incandescent et dévastateur. Destructeur.
Mais, Austin n’est pas cet homme. Austin n’est pas un homme impulsif. Il est réfléchi. Il est posé. Et il est là, planté dans cette chaise, incapable de faire le moindre geste. Laissant Gabriel s’en aller, s’éloigner. Des minutes plus tard, il quitta le lieu à son tour, frappé de plein fouet par la pluie qui ne calmait pas le torrent dans sa tête, dans son cœur. Et il n’avait pas le droit de donner de faux espoirs. Il n’avait pas le droit de céder. Il n’avait pas le droit de lui faire mal. Alors, il rentrait chez lui, se débarrasser de sa veste mouillée, déboutonner sa chemise, et se servait un verre de scotch. Assit seul dans son salon, le regard peiné, et la main tremblante. Austin prenait le temps de tourner et retourner la situation dans son esprit. Au calme, posément, y réfléchir, s’y attarder bien plus que nécessaire, revivre les instants rien qu’en fermant les yeux l’espace de quelques secondes. Les souvenirs vivaces lui collaient à la peau, littéralement. Une brûlure vive qui tatouait son épiderme, invisible et pourtant délicieusement douloureuse, une cicatrice indélébile gravée en lui. Et Austin avait tout simplement accepté. Accepter. Il rouvrit ses yeux à ce moment. Abandonna son verre et se précipita vers la porte, enfilant de nouveau sa veste encore mouillée. Il embarqua dans sa voiture et se dirigea jusqu’à l’appartement de Gabriel. C’était trop tard, pour lui. Il avait rendu les armes, s’était laissé glisser dans la douce et enivrante torpeur du rêve. Et ce n’était pas encore trop tard pour …pour eux ?
Lorsqu’il arriva, devant l’appartement de Gabriel. Austin, clairement angoissé, cognait la porte, appelait son nom. Et il n’y avait aucun réponse. Il en conclut que Gabriel n’était pas encore rentré. Il se laissa alors tomber sur le pas de la porte. Déterminé à ne pas bouger d’ici, et aller au bout de ce qu’il est venu lui dire.
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Gabriel Weaver
Ven 15 Mai - 23:57
Quelque part, Gabriel était un rêveur, car cela lui offre la possibilité de garder cet optimisme constant bien plus indispensable pour ses proches que pour lui-même. C’est aussi un réaliste, car le poids de chaque épreuve et de chaque situation est entièrement considéré par ses soins. Ce qu’il a vécu en trente années d’existence, l’encourage à l’imaginaire et à l’espoir, il faut les entretenir car c’est ce que nous avons de plus précieux. Mais pour en garder leurs forces, on se doit de les adapter à la vérité du monde, à la vérité des autres et à la vérité de la collectivité que forment chaque interaction avec autrui. Imposer son rêve peut être guidé par de très bonnes intentions mais il amènera toujours de la souffrance pour tous ceux ne partageant pas une telle vision ou une telle pertinence. Le réel est important et l’imposition n’est qu’une chimère destructrice à laquelle il est important de ne jamais recourir, quels que soient nos motifs ou nos raisons d’en arriver à ce stade-là. Gabriel s’en voulait tellement d’avoir fini par craquer, et imposer sa vision à Austin, sans attendre de retour de ce dernier. Il se laissait perdre sous la pluie, avant de ne s’engouffrer dans le métro, ratant une situation là, rattrapant une autre ici. Des sons, des bruits qui lui emplissaient la tête. Des choses inutiles s’incrustant dans son cerveau, tel le poison, avec une facilité écœurante. Les débris se heurtant à sa tempe, la culpabilité s’infiltrant dans ses yeux, les pleurs dans sa tête, le chagrin dans son cœur. Sa respiration, les battements de son propre cœur, des sons plaintifs que ses lèvres emprisonnent. Cet appel qui n’existait pas, le frottement du tissu contre sa peau, le cri de ses sentiments. Trop de tout. C’était un flot de sens. L’ouïe, l’odorat, le goût, la vue, le touché. Tout était saturé, attaqué par cette capacité à tout enregistrer quand ça n’allait pas. Tout se mélangeait et s’unifiait dans une alliance scabreuse. Ce fut le début de sa dérive vers des visions uniques, vastes tentatrices d’illusions tourmenteuses. Il faisait chaud d’un seul coup. Trop chaud. Comme une overdose. Couler dans des ressentis uniques, frustrants, marquants à outrance les nerfs. Se perdre dans cet amalgame, s’écarter de son être. Sombrer.
Il mit bien plus de temps à rentrer chez lui. Et lorsqu’il arriva finalement au pas de sa porte, son cœur s’emballa par la vision qui s’offrait à lui. Il déglutit. Il sentait les prunelles qui cherchaient les siennes sans qu’il n’en permette l’accès, le regard en constante fuite, sur son corps, sur son souffle, le sien, sur les murs de son chez soi, au-delà de tout. Douleur. Pourquoi est-il là ? « Qu’est-ce que tu fais là ?! » Son ton neutre, pourtant si lourd de sens. Il sortit son trousseau de clefs et s’occupa à ouvrir la porte tandis qu’Austin en libérait le passage. Gabriel entra chez lui, sans refermer la porte, sans un mot de plus adressé à l’autre homme. Il était comme sur un fil, tendu à l’extrême, l’équilibre vacillant, luttant pour ne pas perdre cette raison qui l’avait fait fermer cette porte en laissant les clés à l’intérieur. Ses deux chats vinrent se frotter contre ses jambes, ce qui avait réussi à lui tirer un sourire malgré son état. Il retira sa veste et se dirigea vers sa cuisine communicante avec le salon, là où se trouvait Austin, là ou il l’avait laissé sans un mot de plus. Il s’occupa à remplir les gamelles de ses chats, s’occupant l’esprit, tentant de chasser les nuages sombres dans sa tête, et la tristesse en son cœur. Finalement, il lève la tête vers Austin, réduit l’espace les séparant, rencontre son regard. « Qu’est-ce que tu veux, Austin ? »
Il avait l’impression de n’avoir jamais eu aussi mal de sa vie. Un mal mêlé d’un sentiment qu’il ne voulait pas voir, le saturer, le raturer de noir, avant qu’il revienne à l’assaut de son esprit perturbé. Il ne devait pas y céder. Ne rien lui laisser. Non.
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Austin McAdams
Dim 17 Mai - 17:08
Be my friend Hold me, wrap me up Enfold me, I am small And needy, warm me up And breathe me
La tête penchée, la main sur le front, les yeux fermés. Austin frissonnait sur le pas de cette porte. De froid, un peu. Mais il frissonnait surtout à force de faire défiler toutes ses pensées et toutes ses interrogations dans la tête. C’est impossible pour lui de faire abstraction de ce que lui révéla Gabriel. Impossible d’oublier leur passé. Impossible d’ignorer leur complicité présente, la force que lui apportait le musicien, son soutien, sa présence indispensable. Impossible d’oublier les apparences, les signaux contradictoires, les peut-être, les regards. Fou. Faible. Influençable. Ce cœur palpitant, dont il se devait d’étouffer les cris, d’apaiser les craintes, de calmer les battements à la fréquence bien trop peu instable. Le faire taire. Rester sourds à ses plaintes, indifférent à ses gémissements douloureux. Ignorer la douce chaleur qu’il propageait, et l’espoir traitre qui le saisissait. Résister. Lui résister. Austin devait contrer l’influence qu’avaient ces iris clairs sur son attitude, qui le poussaient à se compromettre, détruire de lui-même cette forteresse qu’il avait mis tant de temps et d’efforts à bâtir. Réprimer les doux frissons d’anticipation, de désir contenu, que faisait naître en lui cette voix qui semblait abattre les murs pour aller heurter son âme vacillante, la bouleverser et y éveiller les plus dangereuses et exquises pensées. Enterrer les envies qu’attisait ce regard indéchiffrable, rampant sans la moindre gêne le long de sa silhouette à peine esquissée dans ses vêtements d’hiver.
Gabriel était venu au moment même où Austin s’armait de ce qu’il fallait pour lui faire face. Il se leva précipitamment, la bouche légèrement entrouverte, il suivit Gabriel du regard, tout en faisant place afin qu’il ouvre la porte de son domicile. « T’es parti sans me laisser le temps de répondre… » Raison pour laquelle il était ici. C’est du moins ce qu’il se disait, ce qu’il voulait croire. Gabriel ne l’invita pas à entrer, mais il laissa la porte ouverte, ce qu’Austin vit comme une invitation. La porte se referma derrière eux. Et le miaulement des deux chats de Gabriel brisa le silence lourd entre eux. Austin eut également un sourire à la vue des boules de poils. Un apaisement éphémère, il le savait. Maintenant qu’il était là, chez lui. A présent qu’il avait décidé de venir pour fixer les choses, il n’avait plus le droit à la fuite. Il ne savait pas ou se mettre, il resta à proximité de la porte, alors que Gabriel revenait déjà vers lui, pour lui poser cette question. Austin posa le regard sur le sien, et il tenta de résister
« Ce que je veux ? ». Résister. Résister pour ne pas craquer. Résister pour ne pas détruire ce qui lui permettait de survivre. Résister, pour ne pas céder. S’éloigner du gouffre pour ne pas s’abandonner au vide, si fascinant, et si dangereusement mortel. Résister, et en même temps avancer, juste de quelques pas. « Je t’interdis de dire que je n’ai rien à foutre de toi ! T’as pas idée, Gabriel… » Soufflait-il sur ces dernières paroles, déviant le regard un moment. Il sentait déjà sa volonté chanceler, les possibilités folles aux saveurs concrètes se mêler dans son esprit et par leur seule présence donner encore plus de poids aux sentiments interdits « T’as pas idée d’à quel point je tiens à toi, à quel point ta présence est importante pour moi… » Comme il l’avait craint, il s’était bien trop approché du gouffre pour ne pas être tenté par ses profondeurs abyssales. « J’ai besoin de toi » Avouait-il finalement, avant de s’arracher au regard du brun. « Terriblement besoin de toi, tout le temps… » Murmurait-il. Respirer. Reprendre le contrôle. S'abîmer dans le silence confortable, léger, presque caressant. Il tremblait.